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Interview de Philippe Duvillier, président du Syndicat Français des Acteurs Professionnels du Coaching. (1)

Le coaching, un métier à part entière, reconnu par l’Etat.

RL : Il y a pas mal de termes, comme “coach de vie”, “life coaching”, “coach personnel”, coach professionnel… Quels sont les métiers ou les métiers qui se cachent derrière ces mots ?

Philippe Duvillier : Tout d’abord, c’est vrai qu’au début, on se pose la question en disant le coaching qu’est ce que c’est parce qu’on l’entend beaucoup, parce que c’est un mot qui est assez fun, c’est un mot qui est beaucoup utilisé, beaucoup par les médias. Un coach cuisine pour moi ça s’appelle un cuisinier, c’est aussi un beau métier, mais pour moi ça n’est pas du coaching.

Le coaching, c’est aujourd’hui un métier à part entière qui est depuis quatre ans reconnu par l’état français par l’intermédiaire du ministère du travail.

Le coaching si je voulais faire simple, je vais l’exprimer en quatre grandes étapes :

  • Le coaching c’est aider un individu à comprendre d’abord sa situation, comprendre où il en est.
  • Ensuite, en deuxième étape, aider un client à déterminer un objectif.
  • Troisième étape : aider ce même client, à comprendre pourquoi cet objectif, il ne l’a pas réalisé. C’est ce qu’on appelle dans notre jargon “lever les points de blocage”.
  • Et la 4e étape, c’est d’aider son client à mettre en place les plans d’actions nécessaires pour réaliser son objectif.

C”est un métier qui rentre dans la catégorie de l’accompagnement au même titre que d’autres métiers d’accompagnement comme le psychologue, comme le psychanalyste, comme d’autres types d’accompagnement qui n’ont rien à voir avec les psys et il en fait partie. Il fait partie de ces métiers d’accompagnement avec ses limites.

On ne travaille qu’avec des gens qui ont une capacité de se tourner vers le futur d’une façon positive et qui veulent obtenir un résultat. Des personnes qui considèrent que seul ça va être un peu compliqué.

Pour quelles raisons s’adresse-t-on à un coach ?

« Pour moi la plus belle des qualités d’un coach, c’est la capacité d’un individu à faire évoluer un autre individu sans influence… Nous sommes un peu des catalyseurs de la pensée.»

On s’adresse à un coach parce que, souvent, on a besoin d’être accompagné pour aller chercher un résultat que, pour x raisons, on n’a pas obtenu. Soit pour des problèmes de compétences qui pourraient être avérées comme non utilisées ou parce qu’il y a des choses dans la tête, qui nous empêche psychologiquement d’y aller.

Si je refais un peu l’historique et que je reviens un peu en arrière, il y a 20 ans, il n’y avait pas de coach, car on n’en avait pas forcément besoin.

Aujourd’hui, le monde va vite, va très vite. Je pense que l’Homme avec un grand H n’est pas forcément fait pour cette vitesse et pourtant il passe son temps à créer des outils comme les tablettes, les smartphones et les ordinateurs, etc, ce qui ne fait qu’accélérer les décisions en tout genre et à un moment donné il a besoin d’être accompagné pour pouvoir garder ce rythme infernal que l’on fabrique nous même. Et c’est pour ce point particulier que les gens maintenant font appel à des coachs et on voit que tous les pays

RL : Qu’est-ce qu’on peut demander à un coach quand on va le voir ?

Philippe Duvillier : Pour moi la plus belle des qualités d’un coach, c’est la capacité d’un individu à faire évoluer un autre individu sans influence. D’ailleurs, cela s’apprend et c’est ce que l’on enseigne : être capable de faire évoluer quelqu’un, le faire progresser sans être influent. C’est-à-dire que la décision qui est prise par le client. C’est SA bonne décision. On est une aide à la réflexion, nous sommes un peu des catalyseurs de la pensée.

Comment se passe concrètement une séance de coaching ?

Philippe Duvillier :Le coaching c’est une approche d’accompagnement qui est brève. Je suis parfois étonné de voir des coachs qui travaillent au long cours. Il y a une problématique d’éthique qui ne me paraît pas forcément bonne.

C’est bref parce le client vient nous voir avec une demande. On travaille avec des humains et donc on ne peut pas donner des heures hyper précises. Mais de part mon expérience, un coaching ça se fait se fait sur des tranches qui vont entre 12 et 16 heures, en face-à-face.

Dans le coaching professionnel, on fait plutôt souvent des séances de deux heures et la durée moyenne d’un coaching c’est entre deux et trois mois.

Comment choisir son coach ?

« Le coaching est une action d’accompagnement qui ne se fait pas forcément seul… La supervision est indispensable… Le jour où on a que des certitudes ça ne va pas. »

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Philippe Duvillier : Moi, je dis souvent aux gens que je forme dans le domaine du coaching : vous devez coacher des gens en toute sécurité, donc ça veut dire aussi que de l’autre côté celui qui recherche un coach doit se sentir en sécurité. Pour être en sécurité, je pense qu’une des premières choses est de chercher un coach qui a été formé. Il y a des coachs non formés qui ne font pas forcément du mauvais travail, mais bon, tant que tout se passe bien tout va bien.

Mais comme nous sommes sur une approche professionnelle et tarifée, on se doit d’être professionnel et donc on doit être capable de pouvoir réagir quelles que soient les réflexions que l’on peut avoir en face de nous. Donc, la première des choses qui me paraît indispensable, c’est d’aller chercher des gens qui ont été formés dans une école reconnue par l’Etat français avec une certification reconnue par l’état. Maintenant, c’est nécessaire, mais pas suffisant.

Ensuite le deuxième critère qui me paraît important, c’est que l’on doit considérer que la personne qui est en face de nous est légitime, donc souvent, on va aller chercher quelqu’un dont le ressenti est bon. Souvent un dirigeant d’entreprise va chercher un coach qui a une certaine connaissance dans l’entreprise parce qu’il va chercher quelqu’un qui va avoir un peu le même jargon que lui, quelqu’un qui est artiste va chercher quelqu’un qui est coach, mais qui a certaines connaissances ou compétences dans le domaine de l’art.

RL : Et comment cela se passe ? Il y a un contrat ? C’est un contrat moral ?

En général, il y a des contrats écrits parce qu’on est, encore une fois, sur une prestation tarifée et il y a un contrat, dans lequel est indiqué le fait que l’on va coacher la personne. On y explique que le coach a un devoir de moyens vis-à-vis de la prestation. On détermine le prix et souvent aussi, le lieu dans lequel va se dérouler le coaching et sa durée potentielle qui peut effectivement éventuellement bouger. Encore une fois, même si tout à l’heure, je disais que ça se fait entre 12 et 16 heures, déjà entre 12 et 16 heures il y a 4 heures d’écart, et bien, on détermine un timing et après, si jamais ça devait bouger un peu, on en rediscute pendant le coaching, mais dans les heures que je donne on est quand même sur une réalité.

Philippe Duvillier : Il y a aussi une autre notion qui me paraît indispensable, c’est de pouvoir s’assurer que le coach a un superviseur. Car le coaching est une action d’accompagnement qui ne se fait pas forcément seul, bien au contraire, la supervision est indispensable. Moi, j’aime dire à mes stagiaires : le jour où vous n’aurez plus de doute dans votre métier, il faudra arrêter, il faudra faire autre chose. Le jour où l’on a que des certitudes ça ne va pas.

Le coaching demande un effort et de la motivation

« Il faut avoir un vrai besoin, le coaching est un effort pour le coaché … le coaching démarre à la première heure et finit à la dernière, intervalle compris… Il faut être motivé pour être coaché au delà de tout le reste »

Philippe Duvillier : Le coaching est un effort, je ne parle pas pour le coach mais je parle pour le coaché. Il y a un réel effort, car cela prend du temps. Je te parlais tout à l’heure de 12h ou de 16h. Ca, c’est le présentiel. Mais le coaching démarre à la première heure et finit à la dernière, intervalle compris. C’est donc une action qui, pour le client, va durer deux ou trois mois. Il faut être motivé pour être coaché au-delà de tout le reste, il faut vraiment être motivé.

RL : Est-il possible que quelqu’un arrive avec une demande et qu’il se dise, en cours de coaching : « en fait, je veux faire autre chose », et qu’il change de projet ? Est-ce que ça arrive ?

Philippe Duvillier : Non seulement ça arrive, mais ça arrive très fréquemment, c’est tout l’intérêt du coaching. C’est dans ce qu’on appelle, chez nous, l’étape 3 qui est la compréhension de l’état présent. Ca va pousser le client a soulever la moquette et aller regarder la poussière en dessous du tapis, à avoir une bonne compréhension de tous ces sujets, des siens, et à partir de cela sa réflexion va évoluer

J’ai déjà vu des clients qui, entre leur demande initiale et leur objectif, font des grands écarts complets. Mais ce n’est pas un problème, le coach n’est pas là pour l’influencer en disant : « Mais attendez, vous m’avez dit ça donc vous devez… » Non !

Je l’aide dans sa réflexion et si sa réflexion évolue, si elle part à l’inverse de ce qu’il pensait au démarrage, j’aurai envie de dire que grand bien lui fasse, dans la mesure où, encore une fois, on est sur une approche qui est, de la part du coach, sécurisé et éthique.


(1) Extrait de l’interview que l’on peut écouter sur le blog “Après 50 ans”